Les Nations Unies ont publié un rapport en 2024 qui pointe une information essentielle : la part des déchets non collectés dans le monde pourrait atteindre 1,6 milliards de tonnes en 2050.
Quelques chiffres :
- Les individus recyclent ou compostent seulement 9% des déchets dans le monde.
- Le recyclage concerne seulement 4% des déchets des pays à faibles revenus.
- La production de déchets dans le monde représente 2 milliards de tonnes par an
- Les pays à revenus élevé génèrent plus d’un tiers des déchets à l’échelle mondiale
Ces chiffres parlent d’eux même. Il faut un réel changement dans notre politique de gestion des déchets à l’échelle mondiale. C’est une question à la fois de santé publique, d’environnement et d’économie.
La gestion mondiale des déchets :
La production de déchets est un indicateur de développement économique d’un pays. Autrement dit, la croissance du PIB par habitant engendre le volume de déchets. Il faut bel et bien des politiques de gestion de ces déchets et de leur recyclage.
Selon l’ONU, le coût de traitement des déchets et de leur pollution, de leurs effets sur la santé par exemple, serait de 360 milliards de dollars. Toujours selon l’ONU, une attention particulière doit être apportée au Congo, à l’Egypte, à l’Ethiopie, à l’Inde, au Nigéria, au Pakistan et aux Philippines. Pourquoi ces 8 pays ? Leur population va croître très rapidement et donc leur production de déchets. Ils concentreront plus de 50% de l’augmentation totale de la population mondiale d’ici 2050.
Selon la Banque mondiale, dans les pays à faible revenu, les autorités ne collectent que 39% des déchets et gèrent mal plus de 90% des déchets. Quels sont les problèmes de gestion ? Décharges sauvages à ciel ouvert, incinération des déchets, ordures dans la rue etc. Pour quels effets ? Rejet de méthane dans l’atmosphère, émission de gaz à effet de serre, propagation de maladies, revente de déchets dangereuse etc.
Les accords juridiquement contraignants de coopération mondiale en matière de gestion des déchets sont encore timides. Nous allons en voir deux exemples.
Les déchets :
Nous allons nous concentrer sur deux types de déchets dont le traitement, la collecte et recyclage commencent à urger.
1. Le plastique :
Selon l’OCDE, la production et l’utilisation annuelle de plastique devraient augmenter de 70%. Autrement dit, elle devrait passer de 435 millions de tonnes en 2020, à 736 millions de tonnes en 2040 (avec seulement 6% de plastique venant de sources recyclées). Les rejets de plastique dans l’environnement devraient donc s’amplifier, passant de 152 à 300 millions de tonnes.
Le plastique, c’est connu, c’est mauvais pour la nature, la biodiversité et l’être humain. Nous pouvons toutefois noter une info récente. Une nouvelle maladie a fait son apparition qui désigne l’inflammation du tube digestif chez les oiseaux marins ayant ingéré des déchets plastiques : la plasticose.
Pourtant, la communauté internationale n’y est pas insensible, loin de là, mais les moyens manquent. Il y a eu divers accords multilatéraux : les conventions de Bâle, de Rotterdam ou de Stockholme. Que contiennent ces conventions ? Sans aborder une approche globale, c’est-à-dire sur le cycle de vie complet du plastique, elles contiennent des dispositions sur le matériau.
En 2022, une résolution adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies pour l’environnement aborde le fait de mettre fin à la pollution plastique. Ce qu’a permis de créer cette résolution ? Un comité intergouvernemental de négociation (CIN) qui s’est réuni sur 2 ans, à raison de 2 sessions d’une semaine par an. Ce faisant, ils ont trouvé une solution juridique au problème environnemental qu’est le plastique.
La quatrième session des négociations sur la pollution plastique de la CIN a eu lieu en avril 2024. La la cinquième session s’est tenue fin 2024 à Busan (Corée du Sud), en présence de 178 pays. Elle devait être la dernière. Son objectif : aboutir à un traité international juridiquement contraignant contre la pollution plastique. Elle devait déboucher sur une signature en 2025.
Cependant, des désaccords ont mené au report des discussions. D’un côté, on trouve les partisans du recyclage, de la gestion des déchets et de l’opposition à des limitations directes de la production. Il s’agit entre autre de la Russie, les pays du Golfe ou encore l’Inde. De l’autre, il y a une soixantaine d’Etats appellent à la limitation pure et dure de la production plastique et à des mesures contraignantes concernant le cycle de vie des plastiques. Parmi eux, il y a le Japon, l’Australie ou le Ghana, co-dirigés par la Norvège et le Rwanda Les discussions devraient reprendre l’été 2025.
Quid de cette mobilisation internationale et d’un possible accord juridiquement contraignant ? Outre ces différents points, nous pourrions réduire les rejets de plastique dans l’environnement de 96 % d’ici à 2040. Cependant, cela implique que des mesures comme celles préconisées par cet accord international couvrant l’ensemble du cycle de vie des plastiques soient mises en œuvre.
Il y a, depuis quelques années, des tensions au sujet des exportations de déchets plastiques. Ces déchets étaient principalement exportés vers les pays Asiatiques pour la sous traitance de leur gestion. Entre 1992 et 2016, 72% des déchets mondiaux étaient exportés vers la Chine et Hong Kong. En 2018 la Chine a interdit l’importation de plusieurs déchets solides dont le plastique. Cette importation a baissé de 99% la même année. C’est l’Asie du Sud qui a récupéré cette sous traitance de recyclage des déchets plastiques. Entre 2016 et 2018, les importations ont bondi de 171%, souvent avec la Malaisie, le Vietnam ou encore les Philippines avant qu’à leur tour ils instaurent des restrictions pour ces importations.
Pour aller plus loin, un règlement de la Commission européenne stipule que seuls les déchets plastiques non dangereux et facilement recyclables peuvent être exportés vers des pays non membres de l’OCDE.
Pourtant, il y a une vraie économie souterraine illégale autour du recyclage de plastique. Les déchets continuent de s’accumuler et les autorités arrêtent régulièrement des cargaisons illégales de déchets à destination de l’Amérique latine et de l’Afrique. L’Europe inonde la Malaisie et la Turquie de plastique : l’Union européenne a exporté 1,3 million de tonnes de déchets plastiques en 2023 dont 22% ont été envoyés en Turquie et 21% en Malaisie. Cela marque une hausse de 35% en un an. Mais les députés européens se sont engagés en 2023 à interdire toutes les exportations de déchets plastiques vers des pays hors de l’OCDE dès 2026.
Fun fact : il y a une journée mondiale sans plastique qui a été initiée par des organisations écologistes ! C’est le 03 juillet.
2. Le numérique
On parle de DEEE (déchets d’équipement électriques et électroniques) ou de e-déchets. Il s’agit des ordinateurs, téléphones, téléviseurs, réfrigérateurs, climatiseurs, lampes, machines à laver, rasoirs, brosses à dents ou bouilloires, jouets, vapoteuses etc.
62 millions de tonnes de DEEE ont été produits en 2022 à l’échelle mondiale. C’est une hausse de 82% par rapport à 2010, selon l’ONU. Et ce n’est pas prêt de s’arrêter. En 2030, ce seront 82 millions de tonnes de DEEE produits dans le monde.
A noter qu’il y a des différences selon les zones géographiques et le niveau de développement du pays. A titre d’exemple, la Chine est le premier producteur de DEEE avec environ 12 millions de tonnes en 2022. Pour les Etats Unis le chiffre s’établi à 7 millions de tonnes et l’Inde à 4 millions de tonnes. En Afrique, les habitants produisent 2,5kg d’e-déchets chaque année. Attention, rapporté à la population, c’est l’Europe qui domine avec 17,6kg par habitant par an. Pour un français c’est 22,4kg en moyenne alors que pour un chinois, c’est 8,5kg en moyenne.
Les DEEE augmentent 5 fois plus vite que la quantité recyclée, toujours selon l’ONU. Juste pour se représenter : il faudrait plus d’1 million et demi de camions de 40 tonnes pour transporter cette quantité de e-déchets. En 2022, seuls 22% des e-déchets ont été correctement collectés et recyclés. Pour donner un ordre d’idée, c’est 52% en Amérique du Nord, 40% en Europe, 12% en Asie et moins d’1% en Afrique.
Que fait-on des autres DEEE ? Ils sont soit brûlés, soit jetés dans des déchetteries, soit abandonnés dans la nature. Selon une estimation, entre 2022 et 2030, le taux de collecte et de recyclage devrait baisser de 22,3 à 20%.
On en revient au constat de l’introduction de cet article, c’est source de problèmes de santé physique (mercure ou substances dangereuses contenus dans les objets) et environnementaux.
Petit focus sur les appareils numériques. 22% des produits numériques tels que les ordinateurs, les téléphones ou les tablettes sont officiellement collectés et recyclés.
L’ADEME, établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique, du ministère de l’Economie et du ministère de l’Education, qui travaille sur les questions d’écologie en France, estime qu’un produit numérique provient à 80% de sa production. Déduction : gardons les le plus longtemps possible ou revendons les quand on n’en a plus besoin.
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Le Recyclage moderne :
L’article L541-1-1 du Code de l’environnement définit le recyclage comme “toute opération de valorisation par laquelle on retraite les déchets, y compris les déchets organiques, en substances, matières ou produits aux fins de fonction initiale ou à d’autres fins”.
Le recyclage a une histoire. Une histoire bien plus ancienne que nous le croyons.
- En 3000 avant JC, des objets en métal usagés seraient fondus pour en fabriquer de nouveaux.
- 500 ans avant JC, Athènes met en place les premières décharges municipales.
- En Chine, au Ier siècle, le ministre de l’agriculture de la dynastie Han préconise de faire bouillir de vieux chiffons de lin pour fabriquer du papier.
- Au Moyen Âge, François Ier instaure l’usage de papiers qui servent à recueillir les déchets pour faciliter leur réemploi.
- En 1031, les japonais fabriquaient du papier neuf à partir de papier recyclé.
- En 1690, à Philadelphie, la première entreprise de recyclage du papier est créée.
- A la fin du 18eme siècle les Anglais se sont mis à collecter professionnellement et systématiquement la poussière et les cendres. Ils les revendaient aux fabricants de briques.
- A Paris, en 1870, apparaît un arrêté gouvernemental interdisant le dépôt de déchets sur les voies publiques. Cela a contraint les habitants à s’équiper d’un récipient personnel.
- En 1884, la poubelle fut inventée par le préfet de la Seine Eugène Poubelle.
- L’effort de guerre a lui aussi marqué l’histoire du recyclage dans les années 1940 (ex: nylon, piles usagées, ferraille etc). La collecte de déchets s’organise et s’intensifie depuis la 1ère guerre mondiale.
- En 1970, le ruban de Mobius, le sigle du recyclage, devient le logo universel de l’objet recyclable du nom du mathématicien August Ferdinand Möbius.
- En 1973, le premier centre de recyclage de matière plastique est installé aux Etats Unis, à Conshohocken.
Avec l’ère industrielle, la préoccupation de la gestion des déchets est devenue de plus en plus importante. Elle commencé a se teindre d’inquiétudes environnementales.
Après ce point de culture générale, soulignons que le recyclage, en plus de réduire la pollution, les émissions de gaz à effet de serre et la quantité de déchets enfouis ou incinérés, diminue la consommation de ressources naturelles, favorise l’économie circulaire et stimule la création d’emplois.
Qu’est ce que l’économie circulaire ? C’est un modèle économique durable. Il vise à réduire le gaspillage des ressources, limiter la pollution et réutiliser les matériaux autant que possible. Trois principes simples :
- Réduire : minimiser l’extraction des ressources et optimiser la production
- Réutiliser : donner une seconde vie aux produits et composants
- Recycler : transformer les déchets en nouvelles matières premières
On parle alors d’éco-conception, de réparation, de réemploi etc.
Le marché du travail intègre de plus en plus l’économie circulaire : en Europe, elle compte 4,5 millions d’emplois et en France, plus de 800 000 emplois. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), l’économie circulaire pourrait créer 24 millions d’emplois supplémentaires d’ici 2030.
Pourquoi c’est un cercle vertueux ? Cela favorise les métiers locaux (réparation, collecte, tri), cela développe de nouveaux secteurs et métiers (éco-conception, reconditionnement etc.) et cela accélère la transition écologique et renforce la souveraineté économique.
Quelques exemples d’entreprises d’économie circulaires : Patagonia (États-Unis – textile), Back Market (France – outils électroniques), Too Good To Go (Danemark – alimentaire).
Des villes exemplaires :
Ljubljana, en Slovénie : première capitale européenne certifiée “Zero Waste Cities”, recyclage à plus de 68%.
- Kamikatsu, au Japon : la première ville à avoir promulgué une politique zéro déchet dès 2003 (45 bacs de tri différents, répartis en 13 catégories), 80% des déchets recyclés.
- San Francisco, aux Etats Unis : politique zéro déchets depuis 2022, programme de compostage obligatoire et interdiction des sacs plastiques depuis 2007, recyclage et compostage à plus de 80%.
- Capannori en Italie : première ville européenne à adopter l’initiative Zero Waste en 2007, plus de 85% des déchets détournés de la décharge.
- Roubaix, France : a lancé un programme Zéro Déchet avec des volontaires en 2014, des centaines de familles ont réduit leurs déchets de plus de 50%.
Et Arondor dans tout ça ? :
Le Groupe Arondor a fait de son deuxième pilier de sa politique RSE 2025 la gestion des déchets. Mais, c’est un engagement de longue date. Nous recyclons nos objets numériques en les confiant à notre fournisseur qui se charge de leur réparation et de leur recyclage. En cela nous participons à l’économie circulaire.
Nous avons des projets ambitieux pour cette année 2025 et nous avons construit une politique de recyclage solide. Premièrement, nous avons organisé une consultation pour travailler avec un prestataire de collecte et de recyclage de nos déchets à l’échelle de notre immeuble. C’est un projet qui vise la collecte, la comptabilisation et la revalorisation de tous nos déchets. Bien au-delà, nous sensibilisons tous nos collaborateur.ices. Nous avons participé, le 12 juin 2025, à la Course des Héros et soutiendrons Green Minded, association œuvrant pour la gestion des déchets et la sensibilisation citoyenne. Nous aussi, nous croyons en une économie plus durable et plus verte, nous commençons dès à présent.
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